La seule mémoire capable de survivre est celle qui circulera, par les lois du sang, dans la psyché collective de la lignée ancestrale.
L'ignorance conduit l'humain à croire qu'il est seul dans sa tête, alors qu'en réalité, il est le produit continuel d'une multitude d'individus ayant partagé le même sang.
Il ne faut pas chercher ailleurs, les réminiscences mémorielles que beaucoup considèrent à tort, comme des souvenirs de vies antérieures.
D'une certaine manière, ces échos sont bel et bien réels, sauf qu'ils émanent de traces mnémoniques ayant appartenu au générations passées.
Ainsi, du fait que nombre de nos aïeux portent probablement des responsabilités fautives, leur influence à travers les âges peut expliquer bien des péripéties négatives dans nos vies actuelles.
En effet, il y a parmi nos ancêtre des meurtriers, des traitres, des pervers, des violeurs, des fous et des malades, dont les actes, les crimes, les pensées et les croyances ont directement à voir avec ce que chacun porte en soi, dans son intimité la plus profonde.
Cela n'est évidemment pas une raison pour chercher à se soustraire à ses responsabilités personnelles, mais il est clair, que bon nombre d'inclinations innées (et heureusement, pas seulement les négatives) proviennent du bagage génétique que nous recevons à la naissance.
Cette transmission de matériel ontologique se limite au karma familial, auquel vient s'ajouter celui de tous les maillons de la chaîne héréditaire.
Bien avant que le concept de réincarnation n'envahisse toutes les consciences en
occident, on entretenait au sujet de sa descendance un souci considérable. De nombreux peuples ont longtemps pratiqué le culte des ancêtres, non comme une quelconque forme de révérence à la mémoire des aïeux, mais en vue de conserver intact le protocole évolutif de la lignée, chaque génération ayant parfaitement conscience qu'une continuité ontologique préside aux cycles des naissances et des morts.
Ce n'est que récemment que de telles pratiques ont été abolies,et notamment depuis que les structures sociales et familiales ont volé en éclat sous la pression grandissante des divorces, familles recomposées, délocalisations géographiques, et parcage des vieux
dans des mouroirs sordides.
La cohésion et la solidité du tissu familial ont certes souvent constitué une nécessité économique, mais dans les tréfonds de l'inconscient collectif,les liens intergénérationnels ont toujours servi d'autres buts.
Cela est d'autant plus marqué chez certains peuples dont l'Inde fait partie. Voilà pourquoi il est totalement faux d'affirmer que les hindous sont réincarnationnistes. Pour eux, l'âme qui revient s'incarner (jivatman) dans une lignée familiale n'est que l'héritière de celle qui l'a quittée.
Il faut savoir que l’Église Catholique, qu'elle soit d'Orient ou d'Occident,a toujours
pratiqué un exorcisme des ancêtres. Cette pratique est tombée en désuétude après les derniers conciles, mais elle était toujours en vigueur jusqu'au début du XXe siècle.
De fait, comme je l'ai très souvent constaté, ne pas tenir compte de cette dimension vivante au sein de l'appareil psychique, peut entraîner l'avortement de la démarche initiatique.
Il est intéressant de rapprocher ces conditions existentielles des conséquences karmiques du vécu familial.
Sans faire de psycho-généalogie au rabais, la tradition fournit des réponses quant au destin des gens relevant de bagage héréditaire reçu à la naissance. D'aucuns pourraient s'offusquer de n'avoir rien à faire des fautes et des agissements de leurs ancêtres, et trouver particulièrement injuste de devoir porter une forme décalée de responsabilité en ce sens. Mais ce serait nier en vain les lois spirituelles du devenir cosmique, capable de créer les conditions nécessaires au rétablissement d'un déséquilibre qui a trop duré et qui menace exagérément la cohésion ontologique – et donc la santé spirituelle – d'une entité familiale.
C'est ainsi que certains maillons de la chaîne généalogique viendront nettoyer ce qui doit l'être, ou bien en payant de leur vie la dette d'une antique faute, ou bien et cela doit être souhaité, en incarnant des valeurs spirituelles dont le cadre parviendra à réaliser des prouesses et des retournements de situation que rien ne laissait présager.
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