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"Samanisme"

Lorsqu'on aborde le sujet du chamanisme, il n'est pas rare de nos jours, de spécifier la pratique en fonction des zones géographiques où elle s'exerce. Ainsi parlerons nous de façon courante et nous le verrons, erronée, de chamanes Amazoniens,Indiens,Coréens...


Car si l'on cherche l'origine du mot "Chamane" c'est en Sibérie et nulle part ailleur qu'on la trouve. "Saman" en langue Tongouse, signifie: "celui qui sait" ou "celui qui bondit, s'agite, danse".

Là est la racine du mot et donc de la pratique qui lui est intrinsèquement liée.

Tout à la fois, discipline spirituelle, pratique médicale, le chamanisme est vraissemblablement la religion des plus anciennes au monde; qu'on estime vieille de plus de 3000 ans.


Le chamanisme, les traces qu'il a posé il y a si longtemps et sa persistance à travers l'histoire de l'humanité, attestent de la nécessité de l'homme et du monde invisible a interagir. La structure sociétale chez les Evenk, peuple de chasseur et gardiens de rennes où l'on voit émerger la pratique, place le chamane au rang de chef du clan mais, contrairement à nos structures modernes,ce chef clanique n'est ni autoproclamé, ni élu par ses semblables; Il est reconnu. Le chamane est reconnu comme étant celui qui a la possibilité de traiter avec les esprits, autrement dit avec le monde invisible. Cependant, ce n'est pas lui qui choisit cette voie plutôt qu'une autre, il est choisi par les esprit et est soumis à une initiation typique qui ne dépend en rien du genre humain.C'est en cela qu'il se distingue des autres membres du clan et c'est aussi grâce à cela qu'on peut l'identifier.


Le passage du temps altère, érode, lisse, rend confuses les perceptions de l'homme primitif et même, peut être, primordial... En effet, nous parlons aujourd'hui de "don chamanique" ou de " don du ciel" comme s'il s'agissait de l'élection d'un humain qu'un "Bon Dieu" aurait jugé meilleur et donc supérieur pour guider, aider, guerir ceux qui n'auraient pas été dignes de ce dit Dieu. Mais en regardant de plus près et le plus objectivement possible l'initiation et les conséquences qui lui sont liées, il est difficile d'appeler don, une capacité acquise de force, au péril de la vie parfois et qui laissera une empreinte indélébile dans le psychisme de l'initié pour le restant de sa vie parmis les siens. Il semblerait plutôt que le chaman répond a une injonction pour perpétuer le lien qui existe entre monde visible et monde invisible.Plutôt donc que de parler de don, ce qui réduirait l'héritage de cette fonction à une forme passive, nous pourrions parler de "travail chamanique" ou de sacerdoce car c'est bien de celà qu'il s'agit.Et cet intercesseur des temps reculés, celui qui sait, pourrait aussi s'appeler prêtre dans au sens etymologique du terme.


Il était entendu chez les sibériens de ces temps anciens, qu'au même titre que les hommes chassent les animaux, les esprit chassent les âmes. Entendu aussi que le monde invisible se découpe en trois parties: le monde celeste ou supérieur, le monde intermédiare: celui des hommes, et le monde inférieur ou souterrain.L'homme étant une proie pour les esprits, la maladie ou la mort etait attribuée à un rapt ou une dévoration de l'âme. Le chamane est celui qui, aidé par des auxiliaires du monde visible ( les musiciens ou ceux qui accessoirisent la cérémonie) et du monde invisible ( esprits alliés pouvant le renseigner sur d'éventuels ennemis ou obstacles; ou d'un animal qui servira de monture par exemple) est capable de voyager dans le monde des esprits afin de localiser, délivrer ,rapatrier l'âme enlevée et par conséquent: guerir l'homme malade.


La fonction de guerisseur attribuée au chamane est donc une conséquence directe de ses actions menées dans le monde invisible et non un phénomène que l'on pourrait croire dû à un "hasard heureux". Le chamane est avant tout un guerrier, un émissaire, un voyageur, celui qui à le pouvoir, au sens de capacité, d'intervenir dans les différents mondes.


Ces pouvoirs, nous l'avons déjà suggéré, il ne les a pas convoités, ni povoqués. Il les a acquis lors de l'initiation qui lui a été imposée par les esprits.Le Pouvoir chamanique exige beaucoup, et s'avère souvent obscur et dangereux car la vie humaine est faite de souffrances, de maladies et de morts. Aussi, en Sibérie, il n'est pas rare que l'on redoute d'être appelé par les esprits à devenir chamane.Si un appelé résiste et refuse la pénible vie du chamane, les esprits déterminés à le faire capituler le poursuivront et le tourmenteront jusqu'à ce qu'il s'avoue vaincu.Le combat peut être âpre et durer plusieurs années.S'il persiste a resister, le désigé, sera torturé tant et plus et tué.La voie du chaman n'est définitivement pas un choix et encore moins un choix personnel.


L'initiation qu'elle soit acceptée ou différée, voire en partie pévisible puisque le chamanisme est héréditaire, est vécue comme un assaut violent au cours duquel les esprits torturent, démembrent l'initié, avant de le reconstituer. Sa personnalité est entièrement détruite afin qu'il change de nature et qu'une personnalité nouvelle émerge. Les pouvoirs qui en resultent ne sont pas seulement des accessoires extérieurs, ils témoignent d'une prise de conscience, d'une vision du monde et particulièrement des différentes formes de violences subies. Au terme de ces expériences et une fois qu'elles sont "intériorisées" l'initié devenu chamane pourra servir sa communauté en lui garantissant, parfois au péril de sa vie, protection, conseil, accompagnement et guerison.


Bien que le chamanisme soit probablement la racine de toutes les traditions religieuses du monde des hommes, il n'a pourtant pas été épargné par la volonté de pouvoir de certains d'entre eux. Aussi, à partir du moyen âge, il va subir une forte influence Boudhiste qui le conduira a utiliser une cosmologie plus ellaborée et a s'institutionnaliser de plus en plus. Le communisme Soviétique tentera, au début du Xxè siècle, de l'erradiquer en interdisant sa pratique et en assassinant les chamanes, conduisant ces derniers a entretenir le feu de la tradition en des lieux secrets;Un paradoxe pour une pratique religieuse ne necessitant pas de lieu de culte particulier.


Aujourd'hui, les gardiens de cette tradition sont peu nombreux mais libres et assurent la pérénité d'une connaissance que l'on regarde tantôt comme un simple folklore tantôt comme un art sacré,suscitant intêret ou mépris, mais restant le témoin le plus ancien de la nécessité des rapports que l'homme et le monde invisible ont toujours entretenu.


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